Vous avez sûrement entendu parler des enfants « HPI » ou des « petits zèbres », autrefois appelés « surdoués », « précoces », mots dotés d’une connotation plutôt péjorative, ces enfants qui ont un cerveau qui fonctionne à mille à l’heure, qui ont des questions existentielles très tôt – et souvent tard le soir ah ah ! – ces enfants qui ont parfois un ou plusieurs sens très développé(s), qui se rebellent très tôt contre l’injustice, qui paraissent souvent hardis, malpolis car ils ont une répartie qui ne correspond pas à leur âge … Etc… Etc …
A 2 ans et demi, quelques semaines après sa 1ère rentrée, il s’était mis à dos l’ATSEM qui lui a demandé de ne pas mettre ses mains sur ses oreilles quand elle lui demandait quelque chose, ce garçon haut comme trois pommes, l’avait donc toisé, avait enlevé ses mains de ses oreilles et avait mis ses index DANS ses oreilles … Ou encore des réponses du genre « Tu peux réfléchir maman avant de parler s’il te plaît » …
Très tôt, on s’est rendus compte que Roméo percutait tout, très vite ! Mais, c’est tout, il avait en effet des facilités. Point. Quelle chance, nous , ses parents qui avons chacun rencontré des difficultés pour comprendre ou mémoriser à un certain stade de notre scolarité, nous voyons cela comme une chance pour lui.
Un jour, il nous a quand même épatés. J’explique. Il a 3 ans, il vient de faire sa rentrée en petite section, et un soir, il veut finir tous les croûtons. Soit. Mais, on essaie de lui inculquer certaines valeurs, et on lui dit que non, nous sommes trois, nous devons partager. L’enfant n’y voit aucun inconvénient. Il prend le bol, regarde l’intérieur, et nous dit le plus naturellement du monde : « Il y en a 9, ça fait 3 pour papa, 3 pour maman, 3 pour moi » … Nous sommes restés sans voix, avons acquiescé… Il va sans dire qu’il n’avait pas compté, pas manipulé, rien …
Étant maîtresse, je sais à quel point certaines choses peuvent être compliquées à comprendre pour les enfants, notamment avant l’acquisition de l’abstraction.
Il a acquis la majeure partie des compétences de fin de maternelle, en fin de petite section par exemple et très rapidement la maîtresse nous a fait part de sa volonté de lui faire passer une classe. Au début, nous n’étions pas pour du tout, en fait, même plutôt contre … Toujours pareil, étant dans l’Éducation Nationale, j’en ai vu des enfants qui ont sauté une classe et qui étaient malheureux comme la pierre après … Et puis, j’avais peur aussi que plus tard ça se voit physiquement qu’il est plus jeune – genre au collège ou lycée que les copains aient de la moustache naissante, les muscles qui se développent et que lui soit tout gringalet ! C’est idiot me direz-vous, vu que la puberté n’arrive pas au même âge pour tous …
A l’entrée en moyenne section, la maîtresse l’a très rapidement intégré au groupe de grande section, où il avait tout à fait sa place. On a dû se rendre à l’évidence. Il y avait sa place. Et il rentrerait donc en CP à la rentrée prochaine. Il a très vite « décodé » et « encodé » les mots, mais ne l’utilise que quand il en a la nécessité.
Concrètement, il s’en foutait un peu ^^ ça a changé un peu avec l’entrée en CP, il cherche à lire tout ce qu’il trouve et écrit en attaché systématiquement ! Il a donc été vu par le psychologue scolaire qui lui a fait passer le WPPSI – IV en vu d’un passage anticipé au CP, ce qui a confirmé ses capacités, sa persévérance, sa résistance au travail. Concrètement selon les domaines, à 4 ans et 9 mois, il avait une réflexion égale à un enfant de 7 ans. A l’école, il est très scolaire, persévérant mais à la maison, moins il en fait « scolairement parlant » mieux il se porte ! Et la persévérance n’est pas sa qualité première à la maison, au contraire même. Les choses qui lui semblent trop compliquées, les choses qu’il ne comprend pas tout de suite, il préfère ne pas le faire plutôt que devoir réfléchir trop ! Il n’aime pas l’échec ! Donc on dédramatise les erreurs.
Ce jeune homme est relativement paresseux à la maison, nous devons nous l’avouer ! Il n’aime pas trop avoir des efforts à faire même pour manger il faut faire des efforts !
C’est un enfant qui adore être chez lui, il est très casanier. Il adore être avec ses parents et jouer au foot ou aux voitures, aux Legos, aux Playmobils avec papa, aux jeux de société avec maman. Il commence à jouer seul réellement depuis le mois d’août, à s’inventer des histoires avec ses personnages. Avant le faire jouer seul était un supplice, de toutes manières il ne jouait pas seul, il préférait ne rien faire que jouer seul … Maintenant il y prend plaisir et nous invite juste à regarder de temps en temps. Bon, il n’est jamais très loin de nous hein ! Chaque chose en son temps, il ne va pas jouer seul dans sa chambre par exemple même si la porte est ouvert. Il va jouer dans sa chambre si on est, nous aussi, en haut. Il est comme ça, c’est tout. Ça viendra.
Ce qui est compliqué à gérer en tant que parents de haut potentiel – mais ça se travaille bien évidemment : c’est de ne pas oublier leur âge réel et que donc émotionnellement ils n’ont pas forcément l’âge de leur « cerveau ». En effet, parfois – souvent, avouons-le, il a envie de jouer à Croque carottes plutôt qu’à Qwirkle par exemple.
Ce qui est compliqué aussi en tant que parents de haut potentiel c’est d’oser en parler.
Pourquoi ?
Parce qu’on est tout de suite catalogués comme des gens qui poussent leur enfant alors que loin de là, l’école il y est toute la semaine – et moi aussi ! – donc à la maison on a autre chose à faire.
On a aussi des réflexions du genre « Bah oui forcément qu’il est doué, sa mère est prof ! » Ceci n’explique pas cela … Et si on pousse dans les stéréotypes, son père est « éboueur ». Que doit-on en conclure ? Rien, puisque son père avait des résultats supérieurs à ceux de sa mère prof;)
En gros, les gens pensent qu’il y a une explication, et que les parents en parlent pour se faire mousser.
Chez les Pulco, il n’y a que les proches très très très proches – comprendre les mamies et les tatas – ainsi que l’école qui savent que Roméo est un enfant dit « à haut potentiel ». Pour le reste, c’est juste un enfant qui a sauté une classe.
C’est un enfant fabuleux et heureux ! Et peu importe les chiffres écrits sur son bilan !
Si vous souhaitez lire des articles expliquant plus en profondeur les différents types de douance, je vous invite à consulter Les tribulations d’un petit zèbre ou encore L’enfant surdoué, site canadien. Et bien d’autres encore si vous voulez fouiner sur ce thème. Sinon, il y a des tas de livres qui sont de vraies mines d’or, entre autres :
Accompagner l’enfant surdoué, de Tessa Kieboom
La précocité dans tous ses états, de Fabrice Bak